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"Et qu'on ne vienne pas nous dire que le vent chasse tout."

Création photographique dans la région du golf de Fos-sur-Mer.

• Première phase en solo ayant donné lieu à une exposition dans le cadre du festival 9PH / Lyon / mai 2022.

• Deuxième phase du projet (en cours) avec l'artiste Paul Cabanes.

À propos de ce territoire :

Situé entre Marseille et le plateau de la Camargue, le golfe de Fos-sur-Mer s'étend sur 11,5 km le long du littoral méditerranéen. il regroupe d'ouest en est les communes de Port- Saint-Louis-du-Rhône, Fos-sur-Mer, Port-de- Bouc et Martigues.

Zone la plus industrialisée de France, elle emploie environ 400 000 personnes et compte désormais plus de 200 usines chimiques, pétrolières, gazières et métallurgiques*1. À l'échelle locale, ces différentes industries ont permis un véritable essor économique de la région. pourtant leur implantation engendre un fort impact sanitaire et environnemental. outre le risque d'accident, l'impact de leurs rejets au quotidien n'est plus à prouver, et fait l'objet de nombreuses enquêtes journalistiques, scientifiques et citoyennes.

leurs résultats sont sans appel. les seuils d’alertes aux polluants dans le golfe sont alarmants et l'air est saturé de particules ultra- fines. les cas de cancers, diabètes, asthmes, affections respiratoires et maladies chroniques se multiplient, et leur nombre dépassent large- ment la moyenne nationale*2. le littoral se transforme à vue d'œil et voit disparaître sa biodiversité.

Ambivalente, cette région provoque à la fois amertume et fierté chez ses résidents qui, malgré les préjudices qu'ils subissent, sont attachés à leurs emplois, leur patrimoine et leurs traditions.

 

Prémices du projet en binôme avec Paul Cabanes :

Notre protocole de travail sur ce territoire a démarré par une recherche empirique autour de plusieurs questionnements :

Comment photographier l'horizontalité caractéristique de ces paysages et leur différentes strates ? comment déceler dans cette immensité l'infiniment petit, le presque invisible face au gigantisme des infrastructures industrielles ? De quelle manière la vie quotidienne s'organise- t-elle dans un espace aussi vaste et pensé pour l'industrie ? comment la biodiversité s'adapte- t-elle à l'aménagement autoritaire de ce territoire ? face à la transformation extrême de ces paysages, les coutumes et traditions de la région parviennent-elles à subsister ?

Cette première phase fut l'occasion de dia- logues sur notre projet et sur l'orientation qu'il devait prendre. De ceux-ci a émergés une interrogation : hors du temps journalistique, de l'événement, de la catastrophe, qu'existe-t-il dans le golfe de Fos-sur-Mer ?

À propos des espaces médiatiques George Perec disait : « les trains ne se mettent à exister que lorsqu'il déraillent. »*3 En partant de ce con- stat il s'interroge : « ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra- ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, com- ment le décrire ? » *3

 

Démarche et objectifs :

Dans la continuité de cette réflexion, Philippe Bazin définit l'attitude documentaire comme devant être celle-ci : « Il est souhaitable de s'interroger, au delà des agitations médiatiques, sur ce qui fait fond pour soi dans le monde actuel et qui motive à produire une œuvre documentaire. il ne s'agit pas de faire le reportage d'un événement, comme le ferait un photojournaliste. Au contraire il s'agit de réfléchir à une attitude critique vis-à-vis de l'actualité, de prendre du recul malgré son immédiateté et d'assumer cette attitude. »4

l'approche de p. Bazin est venue confirmer une direction de travail que nous avions prise intuitivement. conscient·es de la nécessité d'éprouver ce territoire sur une durée étendue, nous avons choisi d'inscrire le projet sur une temporalité conséquente. celle-ci s'oppose ainsi à l'immédiateté de l'événement. la photographie quitte alors en partie de sa fonction purement informative, pour tendre vers un possible espace fictionnel.

Un corpus assez large de photographies existe désormais, pouvant se lire comme une cartographie non exhaustive de ce territoire. Ces traversées singulières et nos rencontres sur place, nous ont permis d'élaborer ce que P. Bazin appelle un “document d'expérience”4. celui-ci prend la forme d'une vingtaine d'ensembles photographiques élaborés en atelier. les récits qui s'écrivent alors entre les images sont chargés d'une portée critique autant que poétique.

L'exposition permettra plus tard d'utiliser ces ensembles comme des modules, que nous souhaitons faire exister sous deux formes plastiques distinctes. l'une mettra en exergue certains ensembles par des tirages moyens et grands formats, l'autre convoquera la notion d'archivage en montrant, par des impressions plus petites, le corpus dans sa globalité.

Dans la continuité des dialogues entre les images et les ensembles, l'exposition créera par le biais du montage, une polydialectique dans laquelle le spectateur prendra une part active.

 

1. Vivre et mourir à Fos-sur-Mer, épisode 1/2, Pascale Pascariello & Emmanuel Geoffroy, les Pieds sur terre, France culture, 2017.

2. FOS EPSEAL, étude participative en santé- environnement, Barbara ALLEN, Alison COHEN, Yolaine FERRIER, Johanna LEES, 2017.

3. l'infra-ordinaire, George Perec, Éditions du seuil, septembre 1989.

4. Pour une photographie documentaire critique, Philippe Bazin, Créaphis éditions, octobre 2017.

Première exposition, lancement du projet,  Et qu'on ne vienne pas nous dire que le vent chasse tout.
Festival 9PH Photographie et image contemporaine / mai 2022 / Parking LPA Lyon

Et qu'on ne vienne pas nous dire que le vent chasse tout

Création photographique, en binôme avec Paul Cabanes

En cours.

Soutiens : Résidence à l'espace du collectifs les 8 Pillards, invitation Le Bureau des Guides, Marseille.

À venir : collaborations avec le Centre d'Art Plastique de Port de Bouc sur la saison 2024-2025.

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